En 1966, pour le troisième trophée de la « voiture de l’année » (créé en 1964), la Renault 16 devance ses concurrentes. Ce qui est annoncé par les marques comme une distinction suprême est surtout un excellent prétexte pour développer un discours commercial emphatique et pompeux. Retour sur les premiers classements.
Elle succédait à la Rover 2000 P6 qui a remporté le premier prix en 1964 et reste aujourd’hui un exemple de design mémorable. Elle était la sixième voiture à porter le sigle « P » chez Rover et se fit remarquer par de grandes qualités en termes de sécurité au moment de son lancement. Elle s’intégrait alors dans un concurrence directe avec la DS et avec la Triumph 2000 qui bénéficiait d’une habitabilité supérieure. Les deux véhicules se retrouveront très rapidement dans la même galaxie (1967) quand Leyland propriétaire de Triumph fit l’acquisition de la marque Rover.
Le palmarès 1964 attribua 76 points à la Rover 2000 P6, qui devança une allemande, la Mercedes-Benz 600 (65 points) et la Hillman Imp (31 points).
En 1965, année de sortie de la Renault 16, c’est une nouvelle fois une anglaise qui fut distinguée: l’Austin 1800. Typique des anglaises populaires et banales des années 70, cette voiture est une trois volumes classiques, dont le charisme très relatif n’a jamais réussi à séduire de ce côté-ci du Channel. Il faudra quatre ans à son constructeur, Austin, pour saisir en quoi la Renault 16 apportait une innovation dans le design et l’ergonomie et en 1969, l’Austin 1800 vit apparaître l’Austin Maxi, dotée d’un hayon (voir le comparatif ici).
La qualité de « voiture de l’année » est une distinction qu’il faut prendre avec des pincettes quand on sait que l’Austin 1800 (78 points) fut classée devant l’Autobianchi Primula (51 points) et devant la Ford Mustang (18 points). Cherchez l’erreur.
Le classement de 1967 consacra l’inoubliable Fiat 124 qui explosa la compteurs avec 144 points. C’est sans doute ce qui lui valu de voir se multiplier autant de clones derrière le rideau de fer ! Il semble que l’habitabilité de l’engin ait fait sensation… Derrière la vénérable italienne, tout en angles et chromes, la BMW 1600 (61 points) et la Jensen FF (61 points).
Et la Renault 16 ? Elle se distingue d’abord de ses concurrentes par une architecture particulière, une innovation qui sera reprise de nombreuses fois jusqu’à aujourd’hui, dont le principe était de surélever légèrement la voiture pour augmenter l’habitabilité et de la doter d’une cinquième porte sans devenir un véritable break. L’audace est reprise de nombreuses fois par Renault lors de la création de l’Espace ou de la Vel Satis qui répond au même principe. Mais aussi récemment par BMW avec sa série GT (voir l’article ici) ou encore Citroën avec la future DS5. Les commentaires de l’époque sont étonnant: la presse parle de semi-utilitaire et regrette un équipement pauvre sur les premiers modèles. Le commentaires des passants sur les Champs Élysées dans les « actualités télévisées » au moment du lancement son assez éloquents sur la vision de l’époque sur le nouvel engin estampillé Renault: « curieux, cet arrière… »
La Renault 16 totalisa 98 points (bien moins que la Fiat 124…) et fut classée devant la Rolls Royce Silver Shadow (81 points) et devant l’Oldsmobile Toronado (59 points).